Courtiers et Banques en France : vers une rupture ?

Le taux d’intérêt encore réduit des crédits en France fait du bien, à première vue, sur ce marché, le nombre de contrats signés ne cessant d’augmenter. Il y a cependant un bémol : les banques estiment ne pas réellement en profiter. Cela pousse certains d’entre eux à envisager une rupture avec les courtiers pour profiter seul des parts de cadeau, mais ces intermédiaires n’envisagent pas de fléchir de sitôt.

Se donner la possibilité d’amasser plus de marges

Les deux parties semblent actuellement irréconciliables. Pourtant, au début, la fronde ne semblait pas prête à avoir une ampleur nationale, ayant commencé dans une banque mutualiste du Languedoc. Ce dernier a fait notamment parler de lui en n’acceptant pas les dossiers provenant des courtiers. Le phénomène n’a pas tardé à faire tache avec un nombre de plus en plus important de banquiers qui estiment ne plus avoir besoin de courtiers, le taux si réduit des crédits favorisant, selon eux, la signature des crédits par un consommateur sans avoir à passer par un intermédiaire. Et ils semblent avoir raison sachant que la prévision des banques en matière de production de crédits a été dépassée de plus de 20% en 2019. Pourtant, le courtage s’accapare du 40% de la part de marché de la distribution de prêts, ce qui agace certains banquiers qui estiment que sans intermédiaires, ils auraient pu profiter d’une plus grande marge.

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Les courtiers déjà en position de bataille

Les courtiers, de leur côté, n’ont pas tardé à s’exprimer sur cette intention de les écarter. Le président de l’Association professionnelle des intermédiaires de crédits, Philippe Taboret, vient même jusqu’à affirmer que chercher à se passer d’eaux constitue une grande erreur. Ce qui est compréhensible sachant que les courtiers sont des hommes de terrain alors que les banquiers, des « hommes de bureau ». Pour les intermédiaires en crédits, la solution devrait être une légère révision à la hausse des taux. Et qu’est-ce qu’ils vont faire dans le cas où les banquiers campent sur leur position ? L’association se prépare déjà à transmettre à ses membres un guide pratique relatif à la prévention d’abus de position dominante par les banques. Les caisses prêtes à faire une dénonciation d’une façon emportée et unilatérale risquent même de recevoir une lettre recommandée de pré-contentieux. Nombreux sont par ailleurs les courtiers qui n’hésiteront pas déjà à engager une action en justice dans les cas où les tensions ne baissent pas d’un cran.

Une renégociation à privilégier, au lieu de la rupture

Il est à préciser que ce ne sont pas toutes les banques qui se sont montrées prêtes à se passer des courtiers. Plusieurs autres ont préféré « trouver une solution à l’amiable » avec les intermédiaires en renégociant leurs tarifs. Dans leur fonction d’apporteurs d’affaires, les courtiers se font attribuer une commission représentant le 1% de la somme totale prêtée à un consommateur. Il y a certes un plafonnement, mais le cap de 5000 euros, voire 6000, peut être facilement atteint en fonction du montant du crédit et des banques. A cette somme s’ajoutent généralement des honoraires se trouvant entre 1000 et 2000 euros que leurs clients doivent leur verser en contrepartie de leurs services. Pour ces raisons donc, beaucoup de banques proposent que le pourcentage de la commission des courtiers ne dépasse pas les 0,8%. Les courtiers seront-ils prêts à accepter une telle proposition ? Rien n’est sûr pour l’heure actuelle.

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